Les millennials sur le marché du travail, conflits et perspectives
Les millennials sur le marché du travail, conflits et perspectives Les millennials sur le marché du travail, conflits et perspectives

Les millennials sur le marché du travail, conflits et perspectives

Espaces partagés Coworking
Le 05/04/2016

Coincée entre les X et les Z, la génération Y a bien du mal à tirer son épingle du jeu sur le plan de l’emploi ; elle n’y arrive d’ailleurs tout simplement pas. Vous êtes né dans la vingtaine d’années avant le millénaire ? Que vous visitiez buro.com à la recherche d’un bureau à louer ou non, ceci pourrait bien vous concerner.

C’est un portrait bien gris que nous sommes obligés de brosser pour les millennials, les personnes nées juste avant 2000 - qui ont entre 17 et 36 ans - et qui se retrouvent à gérer les crises post-2000 (économie, logement, écologie, religion, etc.). Pourtant, vous allez voir que tout est à portée de main pour que les Yers (prononcez Ouailleurz) relèvent la tête. Commençons par une définition du concept.

Les millennials au travail

Il y a eu les baby-boomers (post-guerre) puis les baby-crashers (ceux qu’on appelle la génération X en sociologie). On s’intéresse aujourd’hui à la génération Y. Elle a bien d’autres noms : les millennials puisqu’ils ont passé le millénaire au printemps de leur vie ; les Tanguy puisqu’ils habitent souvent chez leurs parents passé 30 ans ; la génération pourquoi (why en anglais, comme la lettre Y) parce qu’ils se posent souvent cette question ; les natifs numériques puisqu’ils sont nés avec la technologie numérique et la maitrisent intuitivement ; la génération boomerang aussi, qui s’en va du foyer parental et même de France pour chercher de l’herbe plus verte, et qui revient , en France et chez les parents, après l’échec de n’avoir pas trouvé mieux ; etc.

Leur situation actuelle dans le monde du travail est peu enviable. Les causes sont à chercher dans ce qu’on attendait d’eux et ce qu’on leur a fourni pour y arriver. Leurs parents les ont souvent poussés à faire de longues études, comme le prouvent les chiffres pour l’année 2014 de l’Institut national de la statistique et des études économiques : les baby-boomers de 50 à 64 ans sont diplômés du supérieur à 22,5%, les 25-49 ans le sont à 39,4% (en 2004, ils étaient 27,9, l’essor du niveau d’études est clair sur cette dernière décennie) mais par contre, ils sont à 9,3% au chômage contre 6,9 pour leurs aînés. Et les 15-24 ans (eux aussi millennials) connaissent 23,4% de chômage bien qu’ils soient déjà 15,7% à être diplômés du supérieur. La conclusion est simple : le diplôme ne les aide pas à trouver du travail. Aussi, les Yers sont surqualifiés pour les emplois qu’ils trouvent. Beaucoup prennent un job nutritif sans lien avec leur domaine de compétences. Souvent, ils sont tout simplement restés dans leur job étudiant, ne trouvant pas le boulot de leur rêve.

Là où ça coince

Enfin, rectifions, le métier de leur rêve existe, mais il est mal payé car saturé ou trop neuf. Les millennials se sont engouffrés dans des filières à l’origine porteuses ou vantées comme telles, par exemple le commerce et les nouvelles technologies, et puis il y a eu l’inversion de la tendance : trop de demandeurs sur le marché, donc la chute de l’embauche dans ces domaines. Pour les nouvelles technologies, la situation est pire puisqu’elles sont victimes de l’incompréhension des aînés, donc dévalorisées. « Vous demandez sérieusement 3K€ pour écrire des statuts FB et Twitter ? », « Vous voulez faire de la 3D ? Mais ce n’est pas un travail, c’est un loisir ! », « Modifiez mon site web svp. Juste la solution de paiement, le module de partage et la charte graphique, ça se fait en quelques clics non ? Quoi, il faut payer (autant) ? », entend-on encore souvent à Pôle Emploi, lors d’entretiens d’embauches ou avec des clients.

Le slogan No future des 80’s était prophétique. Mais par ironie du sort, il concerne les enfants de ceux qui le proféraient contre leurs ainés embourgeoisés. Une étude de The guardian, le journal anglais, met en perspective la situation des trentenaires par rapport aux générations précédentes. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils pourraient effectivement s’approprier le slogan suscité. Au Royaume-Uni, au Canada, en Allemagne, aux États-Unis, en Espagne, en Italie comme en France, les 25-29 ans gagnent moins que la moyenne nationale et les retraités gagnent largement plus. En France, l’écart est conséquent, les millennials étant 8% en dessous et les retraités 49% au-dessus. C’est la première fois dans l’ère moderne que le niveau de vie baisse par rapport aux générations précédentes. Il y a légitimement de quoi se demander pourquoi.

D’autant que leurs successeurs à eux sont déjà mieux adaptés à la galère ambiante, car moins embarrassés des carcans induits par les X (il faut un CDI, être propriétaire et parent avant 30 ans, au moins deux sur trois sinon on a raté sa vie). Les Z sont plus libres que les Y et en sociologie comme en biologie, ceux qui s’adaptent vivront mieux.

On attend ou on agit ?

Marché du travail en berne, manque de reconnaissance des ainés et certitude que les cadets les doubleront, les Yers au travail sont-ils la génération perdue ? Car il ne faut pas se leurrer, s’ils sont toute une génération à avoir autant de mal à trouver le bonheur au travail, quand ce n’est pas simplement du travail, l’impact sur les autres aspects de la vie s’en ressentira au rebond : burn-out, dépression, mise entre parenthèses de la vie familiale, chute des naissances, perte du pouvoir d’achat, etc.

La situation est sombre et pleine d’embuches, mais la pente peut s’adoucir par la volonté des acteurs du monde du travail. Nombre d’analystes soulignent, parmi les causes, la rigidité des employeurs issus des X mais aussi des Y. On l’a vu, ils sont encore trop souvent hermétiques à l’idée de payer pour des métiers qui sont pour eux des hobbies, ou bien qui sont dématérialisés donc intangibles.

L’Organisation pour la coopération et le développement économique, par la voix de son secrétaire général Angel Gurría, estime que redresser la barre pour les millennials est désormais une urgence : « Toucher le fond fera du mal à nos enfants, et à la société dans sa globalité. » Le développement durable est ainsi une voie, un outil pour aider les millennials. Les entreprises ont toutes les cartes en main pour un avenir plus clément.

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